Chinois et sinologues
Cette réputation d’imperméabilité, qu’on a faite à la langue et à la pensée chinoises, est, pour les études sinologiques, le plus grand danger ; ces études ne se poursuivront méthodiquement que si elles cessent d’être l’apanage d’un corps trop étroit de spécialistes ; il convient qu’elles appellent sur elles le contrôle du plus grand nombre possible de gens avertis et renoncent enfin au prestige du mystère. Je me risque donc à pénétrer dans cette caverne sacrée où l’on a logé les idées chinoises — afin de montrer au moins qu’elle n’est pas hermétique, et quitte à n’y être guidé que par une lumière insuffisante.
Marcel Granet, Quelques particularités de la langue et de la pensée chinoises, 1920